Le cadeau de la Reine

Une occasion en or offerte par Julie Payette

Les récents événements à Rideau Hall entourant le « Scandale Julie Payette » ont certes entaché la fonction de gouverneure générale et, par ricochet, l’image même de la Reine d’Angleterre ; mais ils nous offrent aussi une occasion en or.

La situation commande que nous remettions en cause les mythes que nous avons vis à vis de la performance. Elle nous invite aussi à prendre de la hauteur, et à nous interroger sur la place que nous accordons, dans le monde du travail, à des notions comme la fraternité, la tendresse, la compassion et l’amour (non pas au sens romantique, mais au sens universel).

Le thème de la violence psychologique au travail est un sujet qui rend souvent inconfortable. Et pourtant, c’est une réalité bien présente. Au cours des 25 dernières années, j’en ai été souvent témoin, tantôt malheureux, tantôt impuissant. Comme dirigeant, j’en ai même peut-être déjà fait subir à des collaborateurs. Je ne suis pas immunisé contre ma propre ignorance, ni mes parts d’ombre. Mais les derniers chiffres sur la santé psychologique sont alarmants. Au Québec, ce sont plus d’un travailleur sur trois qui déclarent être en détresse psychologique. Il y a urgence de réfléchir avant d’agir.

Quelles sont les raisons qui nous ont amené à cette situation ? Elles sont multiples et complexes. Chez mes clients ou bien dans les conversations que j’ai avec d’autres leaders, une notion revient inéluctablement pour tenter d’expliquer cet état de faits : la performance, ou bien la course à la performance. Cette formation mentale est tenace. Je dirais même qu’elle est dangereuse. En effet, la science a démontré, notamment grâce aux travaux du professeure Amy Edmonson à la Harvard Business School, que la performance d’une équipe ou d’une organisation repose en grande partie sur sa capacité à bâtir un environnement de sécurité psychologique. La performance collective n’est donc pas le résultat d’un culte de la perfection, mais bien le fruit d’une culture de l’échec.

Notre capacité individuelle et collective à apprendre de nos échecs est garante de notre succès et de notre devenir. Arrêtons de nous cacher derrière nos egos surdimensionnés ! La performance au détriment des autres est une mascarade, un affront à notre condition humaine.

Le monde du travail ne reste finalement qu’un prétexte. Un prétexte à socialiser et à apprendre le vivre ensemble ; un prétexte à l’accomplissement de soi, au bénéfice de plus grand que soi. Autrement le travail reste bloqué à son sens étymologique le plus primaire : une torture. Collectivement et individuellement, nous valons bien mieux que ça.

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